Hors du Pot

(En spoiler, je met les images de persos histoire que vous vous fassiez une idée sans devoir vous taper quatre pages de descriptions)
(EDIT : je les ai pas redimensionné. Et... euh... J'AI LA FLEMME ! Voilà... Désolé...)

Aïden était furieux.

Spoiler:

Que Kuroa décide d’outrepasser l’autorité du Sénat et de partir en mission toute seule, cela pouvait encore passer. Après tout, il était vrai que le Sénat avait sérieusement envisagé de faire sauter le Pot dès son ouverture – ce n’était pas pour rien que la plupart des Guides surnommait l’endroit « Pandore ». Mais que cette petite jeune se permette de le court circuiter lui, Aïden, Directeur de l’Académie, détenteur du record du plus grand nombre de princes démons vaincus en combats singuliers, qui avait été personnellement en charge de sept univers, et qui avait formé assez de guides pour en affecter un à toutes les bactéries qui créchaient dans les culs de toutes les putes de la capitale, ça, il ne pouvait pas le pardonner.

Kuroa était une gamine. Et une gamine devait obéir à son directeur.

Même quand la gamine avait eu raison. Et qu’elle avait probablement contribué à sauver un nombre  encore inconnu d’univers.

Aïden – Xerxes, est-ce que c’est trop te demander d’arrêter de sourire comme un débile ?

Xerxes – J’sais pas… Votre tête est drôle…

Spoiler:

Aïden – Parle moi encore une fois sur ce ton, et je te fais avaler ton sabre par la lame en boucle jusqu’à ce que tu sois capable de le chier directement dans ton fourreau.

Xerxes éclata franchement de rire.

Xerxes – Directeur, celle là est probablement dans votre top 10.

Le jeune professeur de démonologie avait depuis longtemps arrêté de s’inquiéter des accès de rage de son directeur. Quand ce dernier s’énervait, il avait tendance à passer par les armes les égos de tous ceux se trouvant dans la pièce, mais, si vous étiez capable de vous laissez insulter pendant quelques minutes, tout allait pour le mieux.

Il ne tapait vraiment que très rarement.

Xerxes – Qu’est-ce qu’on fait ? Pour le Pot…

Aïden – Je me doute que tu parles du Pot, idiot. Si Kuroa a bien fait son travail, elle va nous envoyer une délégation directement à l’Académie. Donc, je veux que tu ailles prévenir les autres enseignants. Je veux un niveau d’alerte maximal dans toute l’Académie. Les cours sont annulés jusqu’à nouvel ordre, et les élèves sont rassemblés en escouades qui patrouillent dans les couloirs à longueur de journée. Si Kuroa nous envoie quelqu’un en mesure de nous menacer, je veux qu’on puisse les démolir dans la minute, et renvoyer fissa dans le Pot les trois poils de couilles qui auront survécu.

Xerxes – A vos ordres, directeur.

Xerxes se leva, et s’inclina profondément. Il avait toujours eu ce rapport d’amour / haine étrange avec l’autorité. Il faisait systématiquement ce qu’il voulait, mais trouvait dans les rites et les saluts militaires une certaine classe qui le poussait à les parodier chaque fois que possible.

Xerxes disparu dans le couloir, et Aïden se tourna vers le portail. Il commençait à frémir. Ils arrivaient.

Le vieil homme claqua des doigts, et une petite bassine argentée remplie d’eau se matérialisa à un mètre du sol environ. Aiden passa sa main au dessus de la surface et, aussitôt, le liquide se mit à bouillonner violemment avant de s’elever, formant une sphère liquide chaotique s’agitant en vol.

Aïden – Préviens le sénateur Cannith, la sénatrice Valéria, le Sénéchal Saï, et le Grand Amiral Crève-Cœur. Ils ont m’ont autorisation expresse de se téléporter dans cette salle. Qu’ils se dépêchent. C’est très urgent.

Aussitôt, la sphère d’eau éclata en quatre morceaux qui se métamorphosèrent en quatre oiseaux qui disparurent dans un craquement sonore.

Aïden fit disparaître la bassine d’un geste distrait, et compta mentalement.

Un. Deux. Trois. Quatre.

Spoiler:

Tomas Cannith fut le premier à arriver. Une centaine de  kilos de muscles, pour deux bons mètres de classe pure, il était le chef de file du second mouvement le plus important du Sénat, les Défenseurs, qui militaient pour un arrêt des opérations des Guides pour se concentrer sur la défense de quelques mondes majeurs. Le classique refrain. On ne peut pas sauver tout le monde, alors sauvons en quelques uns.

Aïden le haïssait, et Tomas le lui rendait bien.

Ils se saluèrent en souriant.

Spoiler:

Le Sénéchal Saï se téléporta en second. Jeune elfe autoritaire à la carrière fulgurante, il s’était hissé dans la hiérarchie militaire jusqu’à diriger, à l’âge de quatre siècle seulement, la mythique Légion Pandorienne qui protégeait jusqu’à présent le Pot de toute tentative d’intrusion.

Il salua les deux hommes d’un signe de tête.

Saï – Qui d’autres doit venir ?

Aïden – La Sénatrice Valéria, et le Grand Amiral.

Tomas – Crève-cœur sera là ?

Tomas ne parvint pas tout à faire à dissimuler son dégoût.

Saï – Crève-cœur est un ami proche, un merveilleux compagnon de boissons, et le dirigeant de toute notre marine de combat. Le Sénat lui doit beaucoup.

Le message était clair. « Touche à mon pote, je t’éclate ». Aïden adorait Saï.

Spoiler:

Valéria apparu à son tour, et elle vint serrer la main des trois autres. Saï en profita pour se rincer l’œil. Du moins son œil restant. Il avait toujours eu un petit faible pour les formes de la politicienne la plus influente du Sénat, la plus grande adversaire politique de Tomas, et la plus grande alliée d’Aïden : la dirigeante des Utopistes, qui, encore majoritaire, faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour sauver autant de monde que possible.

Valéria – Ils sont arrivés ?

Aïden – Non… Je dirai … encore vingt secondes… Peut-être moins.

Valéria soupira de soulagement, et vint se placer solennellement à la droite d’Aïden, laissant Tomas à sa gauche, et Saï en retrait.

Aïden – Le grand amiral va tout louper si ça continue.

Saï – Il s’en voudrait éternellement, j’en suis sûr.

Un dernier CRAC retentissant les rassura. Crève-cœur s’approcha d’eux. Toujours aussi massif. Une montage de muscles, de tendons, et de crocs. Il se mit au garde à vous devant Aïden et les sénateurs, et prit familièrement Saï dans ses bras.

Spoiler:

Crève-cœur – Alors Sénéchal ! Ca y est ? On va enfin savoir ce qu’il y a dans ce foutu pot ?

Avant que quiconque ne puisse répondre, le portail s’illumina enfin totalement, et des silhouettes apparurent dans la salle. Une... Puis deux… Puis quatre… Sept…

Ils étaient sept.

Et Kuroa n’était pas avec eux.

Aïden fit taire la petite voix paniquée qui lui murmurait que Kuroa avait rejoint ses ancêtres, et s’inclina profondément devant les sept arrivants.

Aïden – Je suis Aïden. Directeur de cette Académie. A mes côtés se trouvent Les sénateurs Tomas et Valéria, qui représentent les pouvoirs politiques, ainsi que le Sénéchal et le Grand Amiral, représentant des pouvoirs militaires. Nous sommes à votre disposition pour répondre à chacune de vos questions, et à faire de notre mieux pour sauver votre peuple et votre univers autant que possible.

Il se passa quelques instants.

Aïden – Et l’amiral est gentil, même s’il fait un peu peur, promis.

Miranda avait fermé les yeux au moment de craquer sa baguette, et s'interdit de les rouvrir avant d'avoir de nouveau les pieds sur terre. Peu assurée, elle se concentra sur la main de sa sœur, qu'elle sentait au creux de la sienne, et la serra tant que le reste de son corps lui envoya des signaux nerveux si faible en comparaison qu'ils semblèrent ne plus lui parvenir. Puis, l'instant d'après, le groupe touchait un sol inconnu. L'adolescente perdit l'équilibre et chuta vers l'avant, mais évita toutefois de tomber en se faisant léviter l'espace d'une seconde. Elle constata avec soulagement que tous étaient déjà arrivés et qu'on leur avait envoyé un comité d’accueil à la composition pour le moins insolite. Un vieillard rabougri, un joli borgne, une montagne de muscle, une petite teigneuse en tenue légère, et un homme-poisson sorti tout droit de ce manga qu'elle lisait, du temps de Cardith. Rien que ça. Aucune hostilité n'était discernable dans leur attitude, toutefois la télékinésiste posa sa main sur le pommeau de son épée, afin de leur signifier qu'ils n'étaient pas intimidés. Alors que chacun se jaugeait du regard, Darius, lui, avançait à reculons pour contempler l'étrange portail duquel ils venaient d'émaner. Alors que les survivants du Pot tentaient de prendre leur marque suite à cette téléportation, Adel rompit le rang et s'inclina comme elle l'aurait fait face à un roi valatien. En se redressant, elle planta ses yeux sombres dans ceux de son interlocuteur. Elle commença alors à discourir, d'une voix cristalline et douce, mais d'un ton dont l'assurance ne laissait de place au doute quant à l'état d'esprit avec lequel elle se présentait à ses hôtes : quelle que soit la situation actuelle, le Pot ne serait pas laissé pour compte.

-Merci de votre accueil, directeur. Kuroa Nishida nous envoie. Je suis Adel Lidar, porte-parole du gouvernement à la tête du Bastion, dirigé par Edward de Reydoran. À sa demande, je représente notre peuple et vous informe que nos plus habiles guérisseurs prennent soin de remettre madame Nishida sur pied. Ma délégation est constituée du général Melody Jennsen et de cinq des plus ardents défenseurs de notre civilisation : Edwig Luthness, Darius Maffert, Layla Soubresault, Lilia Hubs et Miranda Hubs. Nous savons par le biais de madame Nishida que vos institutions observent notre monde depuis bien longtemps déjà, et tout comme votre subalterne, vous semblez croire que nous courrons un danger imminent. Avant toute chose, je souhaiterai donc vous demander si vous disposez d'un moyen quelconque permettant d'évaluer la force dont nous disposons, ce car le doute m'habite. Si l'idée de remettre en question le danger que représentent ces démons dont nous avons depuis peu appris l'existence n'est pas mienne, il me semblait toutefois avisé de vous prévenir que la magie dont disposent certains d'entre nous, et notamment ces deux jeunes femmes, surpasse probablement vos attentes.

Lilia, désignée conjointement avec Layla par Adel, ne quittait pas des yeux les autochtones et se concentrait tant bien que mal pour ressentir l'énergie de ce monde. À sa grande surprise, elle ne parvint qu'à identifier les six émanations de ses camarades, ce bien plus distinctement que lorsqu'ils étaient au Bastion. Le Pot lui avait confié, peu avant la fin du tournoi, que son pouvoir surpassait les limites de son univers, si bien que l'omnipotente du premier aori en devenait obsolète. Peut-être, pourtant, que les capacités sensorielles de l'archange se limitaient aux êtres originaires de son monde. Ces questions-ci restèrent toutefois à l'arrière-plan. La mutante avait écouté chaque mot du discours prononcé par Adel, approuvant sa fermeté dénuée d'agressivité, et appréciant plus encore sa promptitude à aborder le sujet principal, à savoir le danger potentiel pour l'humanité. Ou tout du moins ce qu'ils représentaient de l'humanité. Car si Kuroa aurait pu être une simple affabulatrice détraquée, la présence d'hommes en ce monde inconnu ne pouvait que signifier une chose : les aoris n'étaient pas les créateurs de l'humanité et n'étaient pas même ces dieux à l'origine de toute chose. Soit d'autres aoris vivaient, éparpillés parmi la multitudes d'univers, soit d'autres espèces se situaient à un grade supérieur encore. Dire qu'elle avait cru obtenir les réponses à ses questions existentielles en rencontrant le Pot. Dès lors qu'Adel en eut fini, Lilia vint appuyer son propos en ajoutant presque aussitôt :

-C'est moi qui ai détruit la nébuleuse autour du Pot, ce matin.

Darius leva les yeux au ciel en pouffant de rire.

-Oh l'autre, comment elle se la pète...

Aïden sourit poliment aux nouveaux arrivants, puis se tourna vers le mur de la pièce, qu’il frôla du doigt.

L’un des plus grands avantages à être le directeur de l’Académie était que cette dernière se mettait du jour au lendemain à répondre à chacun de vos désirs, dans les limites de ses capacités, évidemment, mais ces dernières étaient largement suffisantes pour la plupart des cas. Aussi n’eut-il aucun mal à modifier la pièce.

Il ne toucha pas au portail, évidemment, cela aurait été de l’inconscience pure. Le genre d’action à même de mettre en danger l’existence du plan du Sénat tout entier. Typiquement le genre de chose que Xerxes aurait tenté. Ne serait-ce que par curiosité. Il ne fallait surtout pas que ce garçon devienne directeur.

Le vieil homme se contenta d’illuminer la pièce d’une lumière chaude, de faire sortir du sol quelques tapis, et de faire apparaître de larges fauteuils – dépareillés, l’Académie aimait le chaos – pour toutes les personnes de la pièce. Il les invita à s’asseoir et repris la parole.

Aïden – Veuillez m’excusez pour le mauvais goût irréfutable de ces sièges, mais l’Académie au sein de laquelle vous vous trouvez a un assez mauvais gout, il faut bien l’avouer…

Le sénateur Tomas toussota pour attirer l’attention du groupe.

Tomas – Je suis presque sûr que nos invités ont beaucoup de sujets de conversations qui leur sembleraient… Disons… Prioritaires… Et que la qualité des chaises n’en fait pas partie.

Aïden inclina la tête avec un respect teinté d’ironie.

Aïden – Je n’en doute pas. Mais après tout, je suis un vieil homme. Et vous êtes chez moi. Votre maison, vos règles, vous connaissez l’adage.

Tomas allait probablement répondre, mais l’amiral Crève-Cœur lui coupa la parole d’un rire franc.

Crève-Cœur – Haha ! Il y a des choses qui ne changeront jamais ! Allez Aïden ! Posez la, cette putain de question !

Aïden se tourna celle qui avait déclaré avoir détruit le Pot.

Aïden – Je pense que la question que l’Amiral souhaiterait voir posée vous concerne… Voyez vous, le Pot n’est pas le genre de choses que l’on détruit comme un verre en cristal, et nous sommes tous très curieux de savoir comment vous vous y êtes pris…

Quelques secondes passèrent avant qu’il ne reprenne.

Aïden – Néanmoins, cela serait extrêmement mal élevé de ma part de vous assaillir de questions dès votre arrivée. Aussi, entendez ceci. Nous sommes vos alliés. Autant que possible. Nous vous aideront, et tâcherons de sauver autant de vos amis que possible. En preuve de bonne fois, je compte vous donner autant d’informations que possible sur l’état du multivers.

Tomas – Ce qui est contraire à absolument toutes nos lois.

Valéria – Ce qui est contraire à absolument toutes les lois que VOUS avez fait passer au cours des quatre derniers mois.

Tomas – Ce qui revient au même.

Sai – Ce qui nous écarte du sujet.

Aïden – Le premier qui parle sortira de cette pièce en morceaux tellement fins que je n’aurais même pas besoin d’ouvrir la porte pour faire ramper hors de ma vue les restes détruits de son crâne et de son égo.

Crève-cœur se pencha vers Darius.

Crève-Cœur – Et si on commençait par ouvrir une petite bouteille ? Je sens qu’on est fait pour s’entendre tout les deux.

Il se pencha et un peu plus et ajouta en chuchotant :

Crève-Cœur – Evidemment, vous êtes prioritaire sur l’offre, mais si vous voulez enivrer une des petites, vous avez tout mon soutien.

Les membres de la délégation du Pot s'installèrent un à un avec la plus grande prudence, chacun observant de temps à autres ses arrières afin de s'assurer que nul autre inconnu n'entrait dans la pièce vétuste sans réellement savoir à quoi ils s'attendaient. Adel leur fit discrètement signe de se relâcher. Si le danger rôdait alentours, ils ne pourraient à priori s'en rendre compte que le moment venu, aussi, dans l'hypothèse pour l'heure plus probable où ces gens du Sénat étaient véritablement des alliés, valait-il mieux faire preuve d'une attitude avenante. D'un regard qu'elle voulut inquisiteur, elle força Darius à décliner l'offre pourtant alléchante de l'hybride d'apparence terrifiant. L'Eldarak l'avait observé de la tête au pied, surpris et amusé, puis avait fini par s'en détourner lorsqu'il évoqua Layla. Lui n'était pas le meilleur modèle à suivre et n'interdisait jamais à sa protégée la moindre décadence, toutefois il ne faisait pas encore assez confiance à cet individu, aussi insolite soit-il, pour lui permettre en toute décence d'évoquer ainsi son amie. Sans compter qu'il allait enfin s'échanger des informations intéressantes, et qu'il aurait été dommage d'être ivre mort alors qu'enfin la situation de leur communauté évoluait. Le maître du métal alla ainsi s'installer avec une moue, non pas sans glisser à son interlocuteur en désignait la ministre d'Edward :

-Je crains d'être forcé de décliner !

Adel hocha imperceptiblement la tête, heureuse de constater qu'il était encore possible de faire entendre raison à Darius, lequel aurait tout à fait été capable d'accepter. Et quelle idée ç'aurait été que de s'enivrer d'un nectar offert par un homme-requin titanesque à l'air patibulaire, de surcroît membre d'un groupuscule aux intentions encore indéfinies. Voyant que Lilia hésitait quant à l'explication qu'elle devait fournir, Adel décida de prendre une fois encore l'initiative. Elle s'était installée dans le fauteuil au centre, juste en face d'Aïden, et leur différence de gabarit et de faciès était telle que le tableau ainsi peint s'avérait presque ridicule. Face au directeur de l'académie, la porte-parole du Bastion semblait n'être qu'un enfant. Mais elle ne s'en formalisa pas et conserva l'assurance qu'on lui connaissait, s'exprimant d'un ton vif sans le moindre accorc.

-Madame Nishida nous a parlé de ces démons qui représenteraient, pardonnez mon emploi du conditionnel, un danger pour notre monde. Selon elle, les univers jouissant de fortes émanations magiques sont des cibles prioritaires, ce qui impliquerait que le nôtre soit particulièrement ciblé. Mais en dépit de cette forte concentration de magie, nos chances de victoire seraient infimes. Je suis dès lors ravie de vous compter parmi nos alliés, toutefois compte tenu de cet écart immuable entre les forces des deux camps, je me dois de vous demander des éclaircissements sur cette aide que vous nous proposez.

Lilia reprit le flambeau sitôt qu'Adel en eut fini, soucieuse que le pragmatisme parfois froid de leur représentante ne puisse mettre les inconnus en de mauvaises dispositions. Elle approuvait le moindre de ses mots mais tenait seulement à clarifier au plus vite leurs intentions.

-Excusez-nous, fit-elle avec un sourire timide. Ces histoires d'autres mondes, de monstres du néant...c'est encore tout frais, ça, pour nous. On a envie d'en savoir plus, bien sûr ! Mais on veut juste savoir ce qu'il va nous arriver, à nous et à notre communauté.

-Oublie pas le Pot, lui glissa Miranda.

-Ah, oui ! Euh...je n'ai pas détruit le Pot. Je ne sais pas comment vous appelez ça, mais, ce que j'ai brisé, c'est cette barrière que madame Nishida tentait de traverser, la nuit dernière. Et pour la méthode...

-Disons qu'une démonstration foutrait un beau bordel, conclut sa sœur.

L'archange approuva vivement. Un beau bordel. Elle ne l'aurait pas dit comme ça, mais la tournure résumait bien les effets possibles de l'aura blanche.

Layla observa la foule présente avec une certaine appréhension. Tout ce beau monde semblait avoir des objectifs bien différents, et cela même dans leur groupe... Leurs motivations étaient inconnues, et si ils désiraient les aider, il n'y avait aucun doute qu'ils attendraient des faveurs en retour. Un frisson parcouru la fille de Gareth Soubresault lorsque la destruction du pot fut évoqué. Comme l'avaient soulignés Miranda, Lilia n'avait pas détruit le pot, mais plutôt la barrière qui les séparaient des autres mondes... Une barrière déjà en grand déclin, elle s'en rendait maintenant compte. Si les démons arrivaient sur leur monde, ce n'était pas du fait de sa collègue archange, qui n'avait fait qu'accélérer le processus, mais d'elle, qui avait séparé le pot de son essence, en détruisant l'Omnikhaan. Même si ces souvenirs de l'époque étaient particulièrement vagues, la jeune fille avait la conviction que ses théories étaient avérées...

Si elle aurait pu être amusée par la remarque du capitaine à tête de requin, ces révélations brisèrent toute envie de rire. Elle se tourna vers Darius, la mine déconfite, et lui chuchota les toutes récentes conclusions auxquelles elle venait d'arriver... L'Eldarion étaitson ami le plus proche, pourtant, réconforter les gens était loin d'être sa plus grande qualité... Elle devrait évoquer ce sujet avec Lilia, mais n'avait vraiment pas le cœur à cela, ne voulant pas ajouter un nouveau poids sur les épaules de son ami.

Edwig s'imaginait découvrir un nouveau monde et partir à l'aventure. Dire qu'il était déçu était un euphémisme. Il était bloqué dans un bureau luxueux avec beaucoup trop de politiciens pour qu'il soit à l'aise. Son excitation se réveilla quelque peu lorsque « l'amiral crève coeur » -un homme qui méritait sans le moindre doute son acronyme- proposa de boire. Il imagina alors la multitude d'alcools qui pouvaient exister en dehors de leur monde. Excitation qui redescendit bien vite lorsque Darius refusa la proposition. Sans doute le fait le plus étonnant de la journée, malgré leur voyage vers un monde totalement différent...